Dans l’article d’introduction au rôle de la psychologie au Poker, nous évoquions le Tilt comme étant un des problèmes majeur du joueur de Poker.
Alors, pour les débutants il y a deux solutions :
- Subir le Tilt et en payer les conséquences, parfois très importantes ;
- Comprendre, anticiper, et limiter la frustration qui fait déjouer aux tables de Poker.
Que préférez-vous ? Nous avons pour habitude de penser qu’il vaut mieux « prévenir que guérir« . Alors, voyons plus en détail comment arrive le Tilt, et les méthodes pour l’éviter.
Les facteurs externes qui favorisent le Tilt au Poker
Avant de parler des actions qui nous font basculer dans le Tilt, commençons par accepter le fait que certains facteurs externes peuvent nous chambouler :
- Un problème familial ;
- Une angoisse professionnelle ;
- L’hygiène de vie (fatigue, stress, etc.) ;
- L’alcool (à bannir quand on jouer !)
- La pression financière
Quand on lance une session au Poker, on veut absolument essayer de jouer notre meilleur jeu, le « A-Game« . Les éléments comme l’alcool et la fatigue sont faciles à gommer. On ne joue pas si on est fatigué, encore moins si on a bu.
Pour ce qui est de la pression financière, il va falloir être rigoureux sur le bankroll management qui nous permettra d’encaisser la variance ainsi que nos erreurs sans finir ruiné, et ne pas avoir à déposer d’argent supplémentaire sur le site. En claire, jouer ce que l’on peut perdre.
A ce sujet, voici une vidéo qui peut vous aider à comprendre :
Pour les autres facteurs de stress, qui nous déconcentrent pleinement durant notre session de Poker (on a la tête ailleurs parfois), et bien il n’y a pas toujours de solution immédiate ! Le seul conseil : ne pas démarrer une session si le moral ne va vraiment pas. Nous ne sommes pas des joueurs de poker professionnels, donc pas la peine de se forcer.
Ces éléments externes sont donc des facteurs aggravants qui peuvent favoriser l’apparition du Tilt pendant la session.
Voyons maintenant ce qui déclenche le plus de tilt chez les joueurs débutants.
Les déclencheurs de Tilt en jeu
Une fois que nous sommes à table en train de jouer au Poker, il y a des évènements qui peuvent « déclencher » notre état de Tilt. Certains sont évitables, d’autres non.
Deux évènements reviennent le plus souvent :
- Ne pas avoir de jeu
- Les bad beats
Un jeu défavorable
Cela fait plusieurs minutes que nous ne touchons pas une seule bonne main, et quand nous avons enfin une belle opportunité, le Flop est horrible et notre adversaire prend le pot.
Ce genre de situations est monnaie courante chez les joueurs de Poker, et cela n’a rien a voir avec le niveau de jeu. C’est pourquoi il est nécessaire de ne pas s’impatienter quand les cartes (et la chance) ne nous sont pas de notre côté.
Le risque en cas d’impatience, c’est de commencer à jouer trop de mains, vouloir s'embarquer dans des bluffs juste pour avoir la sensation de gagner un pot, ou au contraire ne pas être capable de lâcher sa main quand l’adversaire nous a très souvent battu…et qu’il nous prend tout à l’abattage.
Tout ce qui provoque des émotions au poker est sujet à devenir un facteur de Tilt. Donc gardons en tête que la patience et la rigueur, comme être capable de folder pendant 1 heure en tournoi, seront un jour récompensées.
Le Bad Beat
C’est bien évidemment un incontournable du Poker, et personne n’y échappe. Le Bad Beat, c’est un tout simplement un « sale coup » que l’on encaisse quand un adversaire gagne une main, ou nous élimine d’un tournoi en ayant « plus de chance » que nous.
Un exemple : Nous partons à Tapis Préflop avec une paire d’AS (il nous reste 13 blinds) juste avant la table finale d’un gros tournoi. Le joueur à notre gauche est le dernier à parler, il ne lui reste plus que 10 blinds. Il décide de payer avec une paire de 8.
Nous avions un peu plus de 80% de chances de gagner ce coup. Et pourtant, notre adversaire va malheureusement faire un brelan de 8, et prendre quasiment l’intégralité de notre stack. Ce sont des choses qui arrivent, alors que pourtant nous avons en théorie bien joué mathématiquement.
Prévenir le Tilt avant qu’il ne parvienne à nous faire déjouer
Pour se protéger, rien de mieux que le savoir. En effet, il est intéressant pour les joueurs qui ont tendance à vite se frustrer de déceler exactement ce qui les frustre. La malchance ? Le fait de prendre une mauvaise décision ? Perdre contre un adversaire que l’on pense moins bon que nous ?
Voici quelques solutions à garder en tête pour limiter le Tilt.
Comprendre le Poker
Plus nous devenons intelligents dans notre manière de percevoir le jeu et de prendre des décisions, moins nous avons de risque de faire de grosses erreurs.
Comprendre les concepts de Position, de Sizing, ou encore les Cotes et les styles de jeu de nos adversaires est indispensable pour mieux jouer.
Bien évidemment, la maîtrise de ce jeu prend des années, voire une vie entière. Mais acquérir au moins les bases est une avancée majeure face au nombre de joueurs récréatifs qui ne jouent que pour l’adrénaline, et sont plus souvent sujets au Tilt et aux mauvaises décisions (qui nous rapportent de l’argent au passage).
Connaître les probabilités essentielles
Prendre un bad beat est l’une des choses les plus frustrantes au Poker. Mais parfois, on pourrait croire que notre adversaire nous a mis un bad beat, alors que sa façon de jouer semblera plutôt logique une fois revue à froid.
Les joueurs de Poker ont une tendance à surestimer la malchance, alors que l’adversaire possédait des côtes favorables. Il arrive souvent que de bonnes mains au Flop se fassent rattraper à la Turn ou à la River.
Un bon moyen de comprendre les probabilités du Poker : lire le livre de François Montmirel, à garder près de soi pour se familiariser avec les maths du Poker.
Soigner le Tilt quand il est arrivé
Bon, si malgré toute notre connaissance du jeu, des maths du Poker et de nos adversaires, nous avons tout de même réussi à nous frustrer, il est temps de mettre un terme à cette souffrance inutile.
Deux cas de figure sont possibles :
- Nous jouons en Cash Game, nous pouvons quitter la partie ;
- Nous sommes en plein tournoi, et devons rester attentif.
Arrêter de jouer en Cash Game
Dès que l’on sent que notre mental n’est plus à son meilleur niveau (le fameux A-game) et que nous basculons dans l’énervement, il est temps de se lever. Si nous jouons en ligne, nous allons éteindre l’ordinateur.
C’est très important d’avoir cette discipline tant que nous ne maîtrisons pas nos émotions à une table de poker. Se lever est souvent la meilleure option pour éviter de rentrer dans le cercle vicieux du Tilt, qui nous fera perdre encore plus d’argent que ce que nous avons déjà perdu.
Le plus important est de rester honnête avec soi-même. Si nous sommes en Tilt, nous devons absolument le reconnaître, et prendre des mesures radicales pour décrocher de la table de Poker.
Un système de Stop-Loss peut également être mis en place. Si par exemple, nous savons que le Tilt est susceptible d’apparaître quand nous avons perdu 2 caves, il est recommandé de s’arrêter de jouer dès que cette limite est atteinte.
Impossible de faire une pause (l’exemple du tournoi)
On peut perdre un coup important, faire une grosse erreur ou prendre un bad beat en tournoi sans forcément le perdre. Il faudra donc continuer à jouer, et si possible à notre meilleur niveau.
Se lever au moins une minute, marcher un peu et respirer profondément est la meilleure option à ce stade. Dans le pire des cas, nous perdons une blind. Si cela peut permettre de revenir en jouant de nouveau à notre niveau habituel (avec moins de jetons, certes), cet investissement sera rentable.
En résumé sur le Tilt
Au Poker, il faut bien comprendre que c’est le long terme qui compte. Prendre un bad beat sur une bonne décision de notre part ne doit pas nous impacter émotionnellement, car cette décision SERA rentable un jour ou l’autre. Effectuer un mauvais Call est dommageable sur le court terme, mais au moins cela nous apprendra quelque chose pour les prochaines fois.
Être capable de garder sa concentration au Poker demande des années d’expérience, de méditation ou de visualisation, et de discipline. Cela n’arrivera pas du jour au lendemain, mais si chaque session est une avancée vers la concentration parfaite, les progrès se feront sentir très rapidement, et pour longtemps.
Ne laissons pas le Tilt nous contrôler. C’est nous qui le contrôlons.